Évaluation du risque écologique posé par les carpes à grosse tête et les carpes argentées

Silver Carp (top) and Bighead Carp (bottom). Photo credit: Asian Carp Regional Coordinating Commitee

Les deux espèces sont planctonophages, ce qui signifie qu’elles consomment d’importantes quantités de plancton. Toutefois, la carpe à grosse tête consomme principalement du zooplancton, tandis que la carpe argentée consomme principalement du phytoplancton. Les deux espèces ne se font donc pas concurrence. Étant donné que de nombreuses espèces de poissons indigènes du Canada dépendent du plancton pour se nourrir durant leur développement, il y a risque important de concurrence entre les carpes à grosse tête envahissantes et les poissons indigènes. En outre, les carpes à grosse tête et les carpes argentées filtrent hors de la colonne d’eau des quantités plus importantes de plancton que ne le font les poissons indigènes. Cela pourrait causer une diminution importante des populations de planctonophages indigènes, comme le gaspareau (Alosa oseudoharengus), le cisco de fumage (Coregonus hoyi), le cisco (Coregonus artedi) et l’éperlan arc-en-ciel (Osmerus mordax).

Cela pourrait entraîner le déclin des populations d’espèces de poissons prédateurs, comme la perchaude (Perca flavescens), la truite de lac (Salvelinus namaycush) et le doré jaune (Sander vitreus) qui se nourrissent de ces poissons fourrage.

Risque global = Probabilité d’introduction + Ampleur des répercussions écologiques

Probabilité d’introduction

  LacSupérieur LacMichigan LacHuron LacÉrié LacOntario
Arrivée Très peu probable Très probable Faible Faible Faible
Survie Très probable Très probable Très probable Très probable Très probable
Établissement Modérée Très probable Très probable Très probable Très probable
Propagation Très probable Très probable Très probable Très probable Élevée

Arrivée

Dans les Grands Lacs, les carpes à grosse tête devraient le plus vraisemblablement arriver dans le lac Michigan. Elles pourraient utiliser des connexions physiques existantes comme le Chicago Area Waterway System. Il existe toutefois d’autres connexions préoccupantes dans la région des Grands Lacs, comme Libby Branch, dans le Minnesota, Eagle Marsh, en Indiana et le canal Ohio-Érié, dans l’Ohio.  Les activités commerciales ont également été mentionnées comme voie d’introduction à risque moindre, mais elles comportent une incertitude beaucoup plus grande que les connexions physiques.

Survie

L’étude de la correspondance des habitats a permis de déterminer que les carpes à grosse tête pourraient survivre dans tous les Grands Lacs. Les conditions environnementales des Grands Lacs sont propices à la survie des carpes à grosse tête, et la nourriture disponible est plus que suffisante, surtout dans le lac Érié et dans les échancrures plus chaudes des autres Grands Lacs.

Établissement

Les probabilités de réussite du frai sont supérieures à 50 % lorsqu’il y a plus de 10 femelles matures et 10 mâles matures ou moins ensemble, à la condition qu’ils trouvent des cours d’eau appropriés au frai. Au moins 49 affluents canadiens des Grands Lacs fourniraient un habitat de frai approprié pour les carpes à grosse tête. Après leur établissement, les carpes à grosse tête pourraient constituer la majorité de la biomasse aquatique dans l’aire de répartition qu’elles auraient envahie. 

1 ans
20 ans

Ampleur des répercussions écologiques

Si les carpes à grosse tête devaient entrer dans le lac Michigan par les États-Unis, il leur faudrait moins de cinq ans pour atteindre les eaux canadiennes du lac Huron. Il leur faudrait ensuite moins de 10 ans pour se propager du lac Michigan au lac Huron et au lac Érié. On peut prédire qu’avant 20 ans, les lacs Michigan, Huron et Érié contiendraient d’importantes populations de carpes à grosse tête.

Tableau 2 : Ampleur des répercussions écologiques pour chaque lac sur une période de 20 ans et une période de 50 ans.

LacSupérieurLacMichiganLacHuronLacÉriéLacOntario
~20ansFaibleModéréeModéréeModéréeModérée
~50ansModéréeÉlevéeÉlevéeÉlevéeÉlevée

Risque global

Si aucune mesure supplémentaire n’était prise, le risque global associé à l’introduction possible de carpes à grosse tête serait le plus élevé pour les lacs Michigan, Huron et Érié en raison de la proximité du point d’entrée et de la disponibilité de l’habitat. L’ampleur des répercussions augmente entre la période de 20 ans et la période de 50 ans au fur et à mesure de la croissance de la population. 

Évaluation du risque écologique posé par les carpes à grosse tête (Hypophthalmichthys spp.) dans le bassin des Grands Lacs réalisée en partenariat par Pêches et Océans Canada, la Commission des pêcheries des Grands Lacs et le U.S. Geological Survey (Commission géologique du département de l’Intérieur des États-Unis). L’évaluation des risques complète peut être consultée sur http://www.dfo-mpo.gc.ca/Csas-sccs/publications/resdocs-docrech/2011/2011_114-eng.pdf (en anglais). 

Évaluation du risque écologique posé par les carpes à grosse tête et les carpes argentées